"Soleil, Samba, Football, Lambada, Caipirinha, Bossa"... Avec ces mots si exubérants, quel besoin de faire des phrases? le Brésil est un continent aphrodisiaque et sa musique est le langage universel pour éviter tout long discours! Combien sont encore en quête sur les plages blondes de la mythique girl d'Ipanema, combien cherchent à calculer jusqu'au bout de combien de nuits peut durer la fièvre du Carnaval...
La légende du métissage intégral à l'oeuvre dans la musique brésilienne remonte à très loin. Et en ce qui concerne les sons miraculeux du Brésil, elle peut se révéler très terre à terre. Comme par exemple avec les aboios, ces chants imitant le cri du bétail, lancés par les vaqueiros, les vachers du Nordeste, qui inspireront plus tard des étoiles de la musique brésilienne, Gaetano Véloso et Gilberto Gil.
Mais le meilleur de l'histoire du Brésil vient sans doute de la batuque, cette fête rythmée par les percussions en hommage aux divinités africaines, et de la fameuse Capoeira, cette danse de combat, héritée d'une forme de lutte clandestine dans les plantations du temps de l'esclavage, elle-même inspirée entre autres de l'art de la savate française. Le but est d'esquiver l'adversaire dans des numéros de virtuoses, entourés d'un cercle de musiciens dont les instruments vedettes sont le stupéfiant berimbau, un arc à corde d'origine africaine et des tambours.
Viennent d'abord l'essor des premières musiques populaires telles la modhina, une variété de chanson sentimentale et le lundu, danse d'origine angolaise, deux genres à l'origine du mouvement fado, toujours actuellement au sommet de la musique portugaise. Puis surgit la sensuelle Maxixie ou tango brésilien découlant de la polka et du lundu et non loin de la biguine de Martinique, mélange de culture africaine et coloniale. Ensuite coule le Choro, pleurer en portugais, une musique de fête mais avec une sentimentalité exacerbée et une complexité qui mènera à la naissance du jazz brésilien...
Et déboule royalement la samba, invitation à la danse nombril contre nombril, pur héritage d'Afrique, surgie à Salvador de Bahia, ancienne capitale et principal port d'entrée des esclaves qui après l'abolition iront... à Rio. La samba à base de percussions, guitares, cuivres, avec un rythme syncopé, puis synonyme de musique de Carnaval, la grande fête profane, de surcroît sous la latitude la plus tropicale qui soit. Les premiers carnavals fin XIXème siècle font coexister de chics bals masqués et des défilés dans la rue en groupes, les blocos, avec des chars. Les blocos deviennent écoles de samba, les costumes se rendent hallucinants et les tambours assourdissants.
Tandis que Carmen Miranda devient étoile de la samba et star latine d'Hollywood en partant aux US, et alors que les pauvres et leur samba fuient dans les collines de Rio qui se modernise bourgeoisement, surgit un nouveau phénomène musical. Littéralement quelque chose de nouveau: la bossa nova inventée par le chanteur-guitariste Joao Gilberto. Passé de Bahia à Rio vers 1950, il a 19 ans et ses futurs amis sont le pianiste Antônio Carlos Jobim et l'écrivain Vinicius de Moraes. C'est aussi, après celle des dictateurs, l'époque de la modernité brésilienne, de l'architecture révolutionnaire de Brasilia et du cinema novo. La bossa, un rythme feutré, suave, chaloupé inspire tout autant l'oeuvre de Vinicius, qu'un certain Albert Camus en France avec le film Orpheu Negro, ainsique les mythiques jazzmen américains, dont au firmament Stan Getz et l'hymne "The Girl from Ipanema".
Et patatras, en 1964, un coup d'état chasse tout autant la démocratie que les maîtres de la bossa et sans doute aussi leur inspiration. En réaction arrive le rock d'inspiration anglo-américaine et son corollaire commercial, comme en France avec le yé-yé. Mais avec tout de même une cerise sur le pain de sucre: le mouvement Tropicalia, initié par deux génies de Bahia débarqués à Rio, Gaetano Veloso et Gilberto Gil. Ils oseront le grand mix en associant le rock psyché des Beatles à la samba, la bossa, la capoeira et tout le toutim... Cela leur vaudra la prison, l'exil à Londres et un come-back mirifique avec Gal Costa dans les années 70. La musique populaire à cette époque, le MPB, c'est aussi des légendes de la poésie telles Elis Regina, Rita Lee, Djavan et surtout le très engagé Chiquo Buarque.
A partir des années 80, le rock new-wave comme ailleurs prend le pouvoir, puis le rap et surtout le funk carioca qui met le feu aux favelas comme ensuite aux classes moyennes. Bien sûr, avant de prendre un aller simple pour Bahia ou RIo, un test simple s'impose. Aurez-vous le même effet avec l'un de nos groupes de rêve lors de votre prochain événement? Ce qui vous éviterait de vous expatrier jusqu'à la fin de vos jours à l'ombre du Corcovado, ivre de funk carioca et autres substances. Et en attendant votre soirée sous le signe du pain de Sucre, testez-vous par exemple avec l'allégorique top 10 de la musique brésilienne du docteur David Abiker, à base de Carlos Jobim, Elis Regina, Chico Buarque, Jorge Ben, etc. Amérindienne, africaine et européenne, la musique brésilienne est plus que jamais la sono mondiale d'un pays généreux comme la lumière et grand comme un continent.