A l'instar des cabarets et sulfureux cafés-concerts qui avaient libéré les moeurs à la Belle Epoque en permettant à toutes les classes sociales de se côtoyer au spectacle, vos échassiers festifs vont faire swinger le pavé en toute liberté en créant "l'attraction"!
Comme on disait à l'aube du siècle dernier, vous verrez des personnages sensationnels qui, de plus, dans cette déambulation sans frontière font sortir dans votre ville, un peu beaucoup de l'esprit dégingandé des grands établissements qui faisaient la légende de Paris tels le "Chat Noir" ou "les Folies Bergères".
A mi chemin entre le théâtre et le cirque, les échassiers cabaret sont un concentré de l'esprit euphorique qui régnait alors que la Tour Eiffel éclairait le monde et que l'insouciance rayonnait, avec dans son ombre la tragédie de la guerre de 14 que personne ne suspectait. Tout fut inventé à la Belle Epoque: l'électricité, le cinéma, l'automobile et sûrement le bel esprit et les échasses!
Et de cette époque épique, vos échassiers de cabaret ne s'en suffisent pas. Loin de la vulgarité dont on accusa certains des établissements précités, ils vont vous faire entrer dans la ronde des siècles en ajoutant à leur performance le comble d'un certain raffinement. Car le personnage central de notre compagnie, le roi de la fête qui par définition n'est jamais finie et dont le seul souci est de savoir bien s'entourer, en l'occurrence de savantes danseuses des années folles, et bien, ce prince de la nuit est aussi le nouvel avatar du dandysme triomphant des modes.
Dandy, vous avez dit dandy? On pense à l'élégance poussée à l'excentricité qui affolait Londres puis Paris en 1830 sous la Monarchie de Juillet. Mais aussi à la caricature, tel le dandy qui se dandine en mode efféminé, mais qui cela surprendrait-il aujourd'hui à Bastille ou ailleurs? Non le vrai piment du dandysme qui va pousser à se défouler vos échassiers en petite foulée, c'est un zeste d'impertinence toujours savamment bien dosé.
En gros, mais jamais en gras, le dandy s'attache aux règles que par ce qu'elles peuvent être contournées avec classe et élégance, il joue avec les codes et notamment le savoir-vivre, on peut le taxer à la limite de narcissique mais jamais de ridicule.
Les échassiers cabaret ont peut-être un incroyable relent fashion style Restauration ou une dégénérescence style Zazou de la dernière guerre, mais le dandy se joue de tout et l'aspect vestimentaire est définitivement secondaire. Rien ne l'atteint pas même le succès ou d'autres images que celle de lui-même, son arme est le flegme tous azimuts: voire l'insolence, le dédain et le mépris. Il se doit d"être différent et surprenant, finalement n'est -il pas le dernier du premier des rebelles?
Désinvolte et frivole, révolutionnaire et je-m'en-foutiste, éphémère et moderne, arrogant et raffiné, finalement le dandy joue et se joue indéfiniment de son être et son paraître, croyant autant possible à la beauté qu'il est autodestructeur....
" Le dandysme est un soleil couchant; comme l’astre qui décline, il est superbe, sans chaleur et plein de mélancolie." disait Baudelaire et c'est d'ailleurs, dans un moment de spleen quel le bel échassier cabaret trouva trois amis pour faire perdurer la fête.
De jour comme de nuit, d'Oscar Wilde et Brummell à Beigbeder ou Nicolas Bedos, les dandys donnent des échasses à la vie, avec un supplément de rire, de la danse, des plumes et paillettes qui illumineraient idées, morale, fêtes et concepts.