Ouvrez, ouvrez la cage aux chansons françaises! Le paradoxe c'est que concoctée dans notre petit hexagone, la chanson française devrait compter au niveau mondial pour du (jamdon) beurre (avec un béret). Sauf que face à un champion planétaire, la musique anglo saxonne, il faut un challenger, et puis face à l'industrie américaine la France a ses Lumières, sa poésie et sa littérature universelle.
Dit simplement: "Les poètes on toujours raison" chantait Ferrat tel un axiome. Vous êtes curieux de démontrer cette affirmation? Alors prenez là plutôt comme un théorème que l'on peut aisément illustrer avec cette formule: Baudelaire + Verlaine + Rimbaud = Ferré + Ferrat + Brassens. Avec pour catalyseurs d'autres sources tout autant magnétiques telles Aragon, Hugo, Prévert ou même La Fontaine. Les poètes fabriquaient avec des mots une musicalité, prête à l'emploi ou presque dans le langage des chanteurs et musiciens.
Les premières grandes heures sont celles des cabarets parisiens, avec Aristide Bruant, le poète de l'argot, à la fin du XIX me siècle au "Chat Noir". Le music hall est la version XXL du cabaret avec ses numéros de cirque et ses spectacles dits de variétés dont les grandes vedettes furent Joséphine Baker, Edith Piaf et le controversé Maurice Chevalier.
L"âge d'or de la chanson à texte irradie les annes 50, avec en plus des grands noms ci-dessus, Aznavour, Barbara, Brel, Bécaud, Gréco, Montand, Nougaro, Trénet et un certain Gainsbourg qui se jouera de tous les courants et modes, en français et en franglais, tout en restant (cargo) culte.
Entre temps la musique prend le pas sur les textes: les sixties, le rock et l"américanisme ont tout fait swinguer en France, pour le pire ou... le moins pire. Au temps des Yéyés à l"époque du Golf Drouot, tout semble copié-collé avec parfois un certain talent comme avec Claude (Cette Année La) François ou notre Johnny (belgo) national. Tandis que des dames de coeur telles Barbara ou Gréco gardent amoureusement le pavillon de la chanson française à l'ancienne.
Dans les années 70, alors que le psychédélisme fait ses ravages chez les rosbifs, la chanson française fait une candide répétition des années top 50 avant l'heure avec un éclectisme de la musique de variétés jamais égalé. Boum badaboum: Lama, Sardou, Sheila, Dalida, Berger, France Gall...
Donc ne reparlons que brièvement des années Top 50 qui ont tout ravalé de façon kitch de la mi des années 80 à la mi des années 90. Mais ouf en retenant ne serait-ce que Cabrel, Goldman, Renaud et Aubert/Téléphone, on avait encore foi en l'avenir de la chanson française, de la variété pop frenchy et du... rock gaulois, jamais égalé depuis.
Maintenant vers 2020, que c'est s'est-il passé en musique française depuis Daft Punk, je ne sais pas. La chanson française évaporée? Get lucky! Elle revient one more time, et des artistes dévorés par la poésie montent la garde et la démontent, avec en prime un tropisme poprock à l'anglaies, comme avec Jean-Louis Murat, Benjamin Biolay ou Dyonisos.
Enfin, si vous préférez vous dire: "les mots bleus pour un flirt avec Vanina, comme le chanteur qui a une belle histoire pendant l'été indien dans le Sud, alors message personnel, c'est le temps de l'amour mais n'appartiens jamais à personne, voyages en solitaire sur la route de Memphis avec ton Rock Collection"...
Alors vous aurez déchiffré la prose de ceux qu'on a failli pas citer: Christophe, Delpech, Dave, Balavoine, Fugain, Dassin, Ferrer, Hardy, Dutronc, Lavilliers, Manset, Mitchell, Voulzy, etc. ©